Claude Smadja
Aristote a défini le rêve comme l’activité de pensée de celui qui dort. Freud acceptait cette définition du philosophe de l’Antiquité et n’avait rien à y soustraire. Mais ce que n’avait pas imaginé Aristote c’est que cette activité de pensée nocturne se déroulait sur une autre scène psychique et selon une langue autre que celle de la pensée vigile. Le rêve a constitué pour Freud l’un des tous premiers objets de recherche psychanalytique. Ses premières études sur le rêve qui ont abouti à la publication de son livre majeur L’interprétation du rêve en 1900, se sont déroulées conjointement à ses études sur les psychonévroses de défense et les névroses actuelles. Ce parallèle entre ses analyses psychopathologiques et ses analyses du fonctionnement onirique va marquer profondément sa conception psychanalytique de l’appareil psychique et de son fonctionnement général. Au point que dans L’interprétation du rêve les allers et retours entre le travail du rêve et le travail des symptômes névrotiques sont constants et renvoient l’un à l’autre en permanence. Cette première remarque nous interdit de considérer le rêve comme une activité mentale isolée et destinée simplement à découvrir le sens caché des contenus inconscients.